[DUPONT (André)]


Porte-Plumes. Silhouettes sans retouches par André Rédan. I [et] II.

[vers 1913-1916]

2 cahiers in-8 (220 x 175 mm), demi-percaline (Reliure de l’époque).

Deux cahiers autographes renfermant 66 “silhouettes”, portraits au vitriol de personnalités par André Dupont (1884-1916), jeune journaliste ami de Guillaume Apollinaire et de Léon Bloy.

André Dupont était un jeune écrivain qui peinait à se faire une place dans le journalisme parisien d’avant-guerre. C’est sous l’impulsion de sa femme Valentine, elle-même journaliste, et avec l’aide de deux amis de qualité, Guillaume Apollinaire et Léon Bloy, qu’il fut lancé, notamment en publiant ses “Silhouettes”.
André Dupont publia en 1913-1914 dans l’Intransigeant où ses “Silhouettes” alternaient parfois avec celles que rédigeait Apollinaire. Le poète qui venait de publier Alcool prit la direction des Soirées de Paris, et Dupont y publia en 1914 d’autres portraits (Anatole France, Marinetti, Haraucourt, Nozière et Mirbeau, présentes dans ces cahiers autographes). Ce dernier tint ensuite dans Les Écrits français les rubriques des fastes, des funérailles (un manuscrit AS sur la mort de Jules Claretie est présent dans un de ces cahiers), ainsi que des pamphlets sur le modèle de ses silhouettes.
Dupont utilisa de nombreux pseudonymes, notamment celui sous lequel il signe ces cahiers manuscrits : Rédan.
Apollinaire, qui mentionne Dupont dans ses lettres et écrits de guerre, retiendra son "esprit vif et endiablé", Paul Léautaud "ses idées jeunes".

André Dupont fut un très bon ami de Léon Bloy. Le journal de Bloy ainsi que leur correspondance (les lettres de Bloy à Dupont furent publiées en 1952) en témoignent. André et sa femme Valentine se démenèrent pour Bloy auprès de différents journaux, devenant en quelque sorte ses attachés de presse.
Une LAS de Bloy aux Dupont de 1914 est conservée dans ces cahiers. Bloy leur indique son envoi d’un volume de Paris en feu ! de Henri Barbot, et les prie de “se mettre en quatre pour ce livre étonnant dont le succès me paraît certain, s’il est bien lancé. Pour plus d’une raison, je suis extrêmement intéressé à ce succès et on compte sur vous”. Les Dupont reçurent une semonce du vieux dragon, qualifiant le 25 juin 1914 (lettre non publiée) leur amitié de "tiède" parce que L’Intransigeant tardait à donner son compte rendu.
Une autre LAS de Bloy à Valentine, datée de 1917 concerne l’envoi de lettres et d’un colis d’encre et de papier.

André Dupont tomba à Verdun en février 1916 à l’âge de 32 ans. Apollinaire lui dédia un poème du Poète assassiné.

Chacun des cahiers contient une table listant les 66 silhouettes, dont 31 portent le nom du journal ou de la revue dans lesquelles elles ont parues (L’Intransigeant, PAN, La Mêlée, Le Gay Scavoir ou Les Soirées de Paris). Certaines contiennent des corrections manuscrites, d’autres voient leur version imprimée collée en regard.
Parmi les 35 silhouettes dont la publication n’est pas précisée, certaines ont été publiées, d’autres sont sans doute inédites.

Les portraits sont tantôt teintés d’admiration, tantôt de mépris, souvent d’humour. Parmi les portraits citons ceux de Marcel Prévost, Henri de Régnier, Paul Fort, Paul Léautaud, Joseph Peladan, Francis Jammes (avec une autre version sur papier calque), Pierre Loti, Félix Fénéon, Remy de Gourmont, André Gide, Maurice Barrès, Octave Mirbeau, Paterne Berrichon, Max Jacob, Willy, Henry Bernstein, Maurice Maeterlinck, Edmond Haraucourt, Anatole France, Paul Claudel, Ernest La Jeunesse, Filippo Tommaso Marinetti et bien sûr ses deux amis Léon Bloy et Guillaume Apollinaire.

Ces cahiers renferment par ailleurs un passe-partout au nom de Paul Lombard, qui côtoya Dupont, envoyé par le journal Gringoire pour couvrir le voyage du maréchal Pétain à Marseille en 1940.

Les informations de cette notice proviennent de l’article de Benoît LE ROUX, « André et Valentine Dupont. Deux jeunes amis du vieux Léon Bloy », in LAIR (Samuel), MÉRAND (Benoît) (dir.), Léon Bloy dans l’Histoire. Paris, Classiques Garnier, 2021. pp. 273-292.

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