Considérations médico-légales sur l’avortement suivies de quelques réflexions sur la liberté de l’enseignement médical à propos d’un procès en cour d’assises.
Paris, J.B. Baillière ; Londres, même maison ; Orléans, chez les principaux libraires, chez l'auteur,
1844.
In-8, broché, couverture imprimée.
Avant de suivre jusqu'à la cour d'assises la marche croissante de cette affaire incroyable, je crois devoir m'arrêter sur une assertion avancée a priori [...] par le juge d'instruction : "M. Halmagrand a pour spécialité l'avortement !"
Edition originale de cette défense du docteur Halmagrand qui, suspecté d'avoir pratiqué un avortement, fut enfermé à Sainte-Pélagie pendant plus de deux mois avant d'être jugé.
Charles-Nicolas Halmagrand (1803-1892), médecin orléanais, professeur à l'école pratique de la faculté de médecine de Paris, fut le malheureux protagoniste d'un procès qui ruina sa réputation.
L'affaire commença en mars 1841 lorsque le docteur Halmagrand fut appelé à plusieurs reprises pour procéder à de discrets examens obstétriques sur une jeune domestique d'une bonneterie de la rue Gramont. Après le dernier examen, le docteur fut attiré et enfermé dans la loge de la portière où trois femmes firent pression sur lui pour obtenir de l'argent, l'accusant d'avortement et le menaçant de faire scandale. Le docteur se retrouva huit jours plus tard enfermé à Sainte-Pélagie où il resta plus de deux mois en détention préventive.
Par la publication de cet ouvrage, le docteur cherche à laver son honneur en dénonçant les injustices de la détention préventive, la non-partialité du juge d'instruction à son égard à cause de sa "fortune précaire", l'expertise médico-légale incomplète de la victime supposée, et le déchaînement médiatique calomnieux dont il fut la victime pendant le procès.
Il cherche également à fournir une réponse à la question médico-légale de l'avortement, le définir, parfois le justifier, et surtout à donner des clés pour mieux juger les affaires concernant la pratique en mettant l'accent sur l'expertise médico-légale et la recherche de preuves concrètes. Il veut publier cet ouvrage "dans un but d'intérêt général, et pour épargner aux autres les maux dont [il a] été la victime".
Halmagrand offre dans cet ouvrage un tour d'horizon complet de la question médico-légale de l'avortement en 1844, et y dénonce les injustices de la détention préventive qui relèvent pour lui de l'erreur judiciaire.
Envoi autographe signé à George Sand (1804-1876), qui, en 1844, s'engageait pour le socialisme et la défense des opprimés, notamment par voie de presse.
Bien que nous n'ayons pas retrouvé de trace de cette affaire dans L'Eclaireur de l'Indre, il est fort probable que le docteur Halmagrand ait envoyé son ouvrage à George Sand pour qu'elle prenne sa défense dans le journal qu'elle venait de fonder avec Victor Borie (1818-1880), son secrétaire et amant d'alors. Le journal fut à l'époque imprimé à Orléans chez Danicourt et Pagnerre, comme l'ouvrage d'Halmagrand.
George Sand y publiait des chroniques politiques et sociales engagées, avec des articles concernant l'Indre, le Cher et la Creuse, mais également le Loiret, Orléans et Paris. Y étaient régulièrement cités des articles du journal du Loiret où Victor Borie était collaborateur, ce que fait également Halmagrand dans son ouvrage. L'Eclaireur de l'Indre rapportait également des informations de justice locale, des comptes-rendus de procès, exposés de faits, ou des rapports de cours d'assises.
"On voit donc [dans ses chroniques de L'Eclaireur de L'Indre] l’attention concrète de George Sand aux injustices et sa générosité personnelle qui la rend hostile à la peine de mort, à l’enfermement cellulaire, aux dépôts de mendicité et à la séquestration des aliénés."
Claude Latta. Du Berry au Limousin : George Sand, Pierre Leroux, Victor Borie, Grégoire Champseix, Pauline Roland et les autres… (1830-1851). p. 123-139
Saisissant ouvrage sur l'avortement et la liberté provenant de la bibliothèque de George Sand.
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