Un double sonnet à deux sens de lecture intitulé Sonet 1587.
[vers 1587].
Un feuillet (155 x 100 mm) monté sur la garde d’un volume petit in-8 (175 x 120 mm), (6)ff., 955 pp., (8)ff., avec (26)ff. entre les pp. 608 et 609, chagrin brun, tranches dorées ; pp. 523 à 536 reliées après la p. 552 (Reliure du XIXe siècle).
Une curiosité poétique de la Ligue : un double sonnet à deux sens de lecture composé au sommet de la lutte entre le roi de France et le duc de Guise.
Plus ne faut endurer / Des Bourbons la maison
La Ligue des Lorrains / C'est l'appui de la France
Ils tiennent en leurs mains / De l'éstat la défense
Le fer pour nous tuer / C'est la Religion
Il faut donc abhorrer / Les princes de Bourbon
Les Castillans desseins / Dompteront l'insolence
De ces loups inhumains / Et la fière arrogance
Nous voulans dévorer / A leur ambition
Qui est plus proche aux Rois / Que la maison de Guise
Qu'un prince Navarrois ? / Ne pille plus l'Eglise
Contre l'usurpateur / Le ciel est irrité
La noblesse se pleint / D'un si cruel ravage
Voyant un coeur menteur / Qui d'un titre emprunté
Sous un pretexte saint / Commet ardente rage
Intitulé Sonet 1587, ce double sonnet semble à première vue défendre le futur roi Henri IV et les Bourbons contre la Ligue menée par le duc de Guise : Plus ne faut endurer / La Ligue des Lorrains [plus loin] Des Bourbons la maison / C'est l'appui de la France.
Il est en réalité partisan de la Ligue, sens qui apparaît lorsque l'on lit les sonnets comme s'il s'agissait d'un seul poème en alexandrins : Plus ne faut endurer Des Bourbons la maison / La Ligue des Lorrains C'est l'appui de la France.
Ce double sonnet anonyme est une curiosité remarquable d'esprit et de créativité, un exemple particulièrement brillant de poésie militante dans la France des guerres de religion. Ce poème, qui n'a jamais été imprimé, fut redécouvert et publié par Sylvia L. England qui en découvrit une version légèrement différente dans le Commonplace book manuscrit d'Edward Hoby (1560-1617) conservé au British Museum (1). Il est également cité comme exemple remarquable par Mark Greengrass dans France in the Age of Henri IV: The Struggle for Stability (2).
La France est déjà déchirée par plus de vingt ans de guerres de religion lorsqu'en 1584, Henri III reconnaît comme son héritier légitime Henri de Navarre, le chef de la maison de Bourbon, maison rivale des Guise. Henri de Guise mène alors un mouvement de fronde connu sous le nom de Ligue. À ce titre, il signe le traité de Joinville avec le roi Philippe II d'Espagne, en vertu duquel ce dernier apporte son soutien financier à la Ligue. Il est l'un des promoteurs de l'édit de Nemours () par lequel Henri III révoque l'édit de pacification et relance la guerre contre les protestants.
Ce sonnet fut contrecollé au XIXe siècle en regard du titre d'un recueil de Toussaint du Bray dans son édition de 1627.
Ce classique du recueil poétique du XVIIe siècle renferme les plus beaux vers de Malherbe, Racan, Monfuron, Maynard, Bois-Robert, l'Estoille, Lingendes, Touvant, Motin, Mareschal et autres des plus fameux esprits de la Cour. Il est le premier recueil à marquer la préférence poétique de Malherbe à Ronsard. Cette édition renferme 538 pièces dont 318 en édition originale. Il est parfois annoncé 8 feuillets non chiffrés de poésies de Bois-Robert qui n'apparaissent pas dans cet exemplaire.
(1) Sylvia L. England. Some unpublished French Political Poems of the Sixtheenth Century. The Modern Language Review. Vol. 32, No. 3 (Jul., 1937), pp. 400-407.
(2) Mark Greengrass. France in the Age of Henri IV: The Struggle for Stability. Londres and New York, Routledge, 2013. p. 46.
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