BARBIER (Auguste)


Recueil renfermant le “brouillon informe” du terrible poème “La Race de Paris” ou “La Cuve”, plus cinq autres poèmes, trois planches de dessins originaux et une nouvelle illustrée de dix dessins.

[Années 1830-1850]

In-4 (325 x 270 mm) monté sur onglet, bradel cartonnage de papier marbré ; quelques accrocs au dos (Reliure de la fin du XIXe siècle).

"Brouillon informe" du terrible poème La Race de Paris, contenant des variantes et des corrections par rapport à sa version publiée dans le recueil Iambes (1832) sous le titre La Cuve.
Une note postérieure signée de l'auteur nous indique que les cinq premières strophes sont autographes de sa mère et les deux dernières de lui.

Il est, il est sur terre une infernale cuve,
On la nomme Paris ; c'est une large étuve,
Une fosse de pierre aux immenses contours
Qu'une eau jaune et terreuse enferme à triples tours
C'est un volcan fumeux et toujours en haleine
Qui remue à longs flots de la matière humaine ;
Un précipice ouvert à la corruption,
Où la fange descend de toute nation,
Et qui de temps en temps, plein d'une vase immonde,
Soulevant ses bouillons, déborde sur le monde.
[...]

Saisissant poème sur Paris, son peuple et sa violence. Son esprit sombre peut faire penser à certains poèmes des Fleurs du Mal.

L'influence d'Auguste Barbier (1805-1882) sur Charles Baudelaire est un intéressant sujet débattu depuis des décennies. Baudelaire n'écrivit-il pas à Flaubert en 1862 : "Comment n'avez-vous pas deviné que Baudelaire, ça voulait dire Auguste Barbier, Théophile Gautier, Banville, Flaubert, Leconte de Lisle, c'est-à-dire littérature pure ?" (1)
Des éléments furent apportés par Gérard Le Dantec dans son article Baudelaire et Barbier (La Bouteille à la mer, 1er trimestre 1953 pp. 13-25.), ou encore par Henry Cohen dans Baudelaire and Auguste Barbier (in Romance Notes, Vol.17, No. 3 (Spring, 1977), pp. 264-269).
Quoi qu'il en soit, Charles Baudelaire écrivit en 1861 dans la Revue fantaisiste à propos de Barbier : "Ses premières compositions sont restées dans toutes les mémoires. Sa gloire est des plus méritées" (2). Rappelons que La Cuve fit partie du premier recueil poétique de Barbier.

Le recueil que nous présentons renferme cinq autres poèmes autographes : Épître de St Paul aux corinthiens, L'Heureuse fin, L'abeille, Le Nouveau coup... de tête, et Envoi ; des dessins d'homme en costume en pied datés 1854 et 1754 ; un feuillet de caricatures et de croquis : Napoléon, Résurrection de Jésus Christ, St Roch et son Chien, Louis 18 entre autres ; un croquis militaire représentant des cavaliers aux sabres et pistolet ; un titre et 5 pages ornées d'un total de 10 dessins à la mine de plomb pour la Mort de Michel Morin, avec une note d'Eugène Dentu sur le titre.

De la bibliothèque Emile Collet, avec ex-libris à la devise Non liber sine libro.

(1) Lettre 702, 31 janvier 1862, Correspondance générale IV 59.
(2) "Auguste Barbier" in Revue Fantaisiste. 15 juillet 1861, plus tard incorporé dans L'art romantique in Baudelaire Oeuvres complètes Paris 1925, II, 318-324.

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