BERALDI (Henri)


Recueil renfermant les manuscrits autographes signés de la série d’articles sur les reliures de la Restauration publiés dans la revue La Reliure en 1912 et 1913.

Paris,

1912-1913.

In-folio (330 x 260 mm), entièrement monté sur onglets, demi-maroquin rouge avec coins sertis d’un filet doré, dos lisse orné d’un décor romantique, non rogné (Reliure du XXe siècle).

« C'est une pièce unique ; elle fera honneur à votre bibliothèque. », écrivit Roger Devauchelle en confiant ce volume à Julien Fléty.

Probablement mis en ordre et relié par Roger Devauchelle, il renferme les 49 manuscrits autographes signés, les articles correspondants extraits de La Reliure, ainsi que les états définitifs et avant la lettre des planches de reliures reproduites en phototypie. Le recueil est structuré par deux faux-titres, deux titres et des tables.
Trois lettres imprimées de Marius-Michel critiquant la publication ont été montées en fin de volume.

Une lettre autographe signée de Roger Devauchelle à Julien Fléty nous retrace l'histoire du volume : le manuscrit fit d'abord partie de la bibliothèque du relieur Georges Mercier, directeur de La Reliure. Il fut ensuite cédé par son épouse au comte Gérard de Berny (1880-1957), puis vendu au célèbre relieur et historien de la reliure Roger Devauchelle qui s’en servit pour la documentation de son ouvrage La Reliure en France. Il fut ensuite confié par lui à Julien Fléty et resta dans sa bibliothèque pendant près de soixante ans.

Cette étude, dont la publication fut soudainement arrêtée, fut au coeur d’une polémique opposant Henri Beraldi à Henri Marius-Michel et Georges Mercier.
Henri Marius-Michel avait en effet publié dans la revue une suite de trois articles critiquant certains points de l'étude, et dont le ton fut de plus en plus sévère au fur et à mesure que le débat s'envenimait.

Le premier article mettait en garde les relieurs et bibliophiles de ne pas prendre les reliures présentées comme des modèles à suivre « car jamais ignorance du dessin ne fut plus grande et technique plus nulle. »
Le deuxième article critiquait le choix d’une reliure de Thouvenin présentée comme une pièce d’exposition mais que Marius-Michel considérait comme étant de piètre qualité. Le relieur sentit venir les foudres de Beraldi et conclut son article par ces mots : « Partant d’un point de vue différent, il est tout naturel qu’il y ait contradiction ou heurt avec l’érudit bibliophile, mais si cette discussion […] devait, aussi peu que ce soit, servir à notre art […], je serais prêt. »
Le troisième article est une réponse acide et malicieuse à une lettre de menaces de Beraldi :
« Quelle chose amusante que la polémique ! Vous permettez ?
« Toutes les reliures de la Restauration se sont maintenues dans une merveilleuse fraîcheur » , dit M. H. Beraldi ; c’est vrai, mais […] il n’en reste pas moins certain que l’habitude de grecquer est condamnable et que les décors de ces reliures sont le plus souvent mal compris, hors de l’échelle du livre et que l’abus de roulettes, du « va comme j’te pousse », prouve la faiblesse de leurs auteurs, et cela est de plus démontré, je l’espère, à mesure que la publication avance. La preuve de ce que j’avais dit en de précédentes remarques se fait plus évidente à chaque planche. »

Henri Marius-Michel met ensuite Henri Beraldi face à ses contradictions en rappelant qu'il avait critiqué avec ardeur la qualité des reliures de la Restauration dans son ouvrage La Reliure au XIXe siècle, et conclut par cet extrait d’une poésie de Sully Prudhomme :
« Mais, en controverse technique,
Il ne faut pas trop se risquer ;
Quand on n’est pas de la boutique,
On finit toujours par trinquer. »

Henri Beraldi, qui avait eu vent de cette lettre avant sa parution, fit savoir à Georges Mercier qu'il romprait tous rapports avec le syndicat et toutes relations commerciales avec lui si elle devait être publiée. Le bureau de la revue prit finalement la décision de la publier, Georges Mercier démissionna, la publication de Henri Beraldi s'arrêta aussitôt.

Exceptionnel recueil jalousement conservé pendant presque cent-vingt ans par des bibliophiles et historiens de la reliure, renfermant les manuscrits d'une oeuvre longtemps demeurée confidentielle.

4 500

VENDU

Nous contacter