GAUTIER (Judith)

Deux lettres autographes signées à propos de la publication du Dragon Impérial.

[années 1870 (?)]

2 lettres de 2 pp. et 2 pp. et demi, (155 x 95 mm) ; traces de colle au verso des derniers feuillets de chaque lettre.

[Première lettre]
Monsieur,
Le Dragon impérial a 300 pages seulement et je crois, si vous tenez absolument à le raccourcir, que l'on pourrait le réduire à 200 pages en faisant des coupures dans les descriptions.
Le caractère historique du livre et le tableau des mœurs chinoises qu'il présente ont en effet chance d'intéresser en ce moment.
Ce que je peux vous offrir en dehors du Dragon Impérial à beaucoup moins de valeur et d’intérêt.
Je vous prie d'agréer Monsieur l'assurance de mes meilleurs sentiments.
Judith Gautier
"au près des oiseaux" Dinard St Enogat Ille et Vilaine.

[Deuxième lettre]
St Enogat - Dinard Ille et Vilaine
30 sept.
Monsieur,
Je crains que ma réponse à votre lettre du 1er septembre ne vous soit pas parvenue car je n'ai eu depuis aucune nouvelle.
Mon journal me demande aujourd'hui l'autorisation de reproduire le Dragon Impérial et je ne veux pas lui répondre avant de savoir si vous avez toujours l'intention de publier ce roman car dans ce cas ma réponse serait négative.
Agréez, Monsieur, l'assurance de mes sentiments très distingués
Judith Gautier

Intéressants échanges entre Judith Gautier et le directeur d'un journal pour y publier son célèbre roman.

Quelques mots sur le Dragon impérial :

  • Victor Hugo (1872) : "J'ai lu votre Dragon impérial. Quel art puissant et gracieux que le vôtre ! Cette poésie de l'extrême Orient, vous en avez l'âme en vous, et vous en mettez le souffle dans vos livres. Aller en Chine, c'est presque aller dans la lune. Vous nous faites faire ce voyage sidéral. On vous suit avec extase et vous fuyez dans le bleu profond du rêve, ailée et étoilée. Agréez mon admiration."
  • Journal des Goncourt : "Puis il [Théophile Gautier] me prend à part et me parle longtemps et amoureusement du Dragon impérial et de sa fille. On sent qu'il est fier d'avoir créé cette cervelle... Et, ajoute-t-il, elle s'est créée, elle s'est faite toute seule, on l'a élevée comme un petit chien, qu'on laisse courir sur la table, personne, pour ainsi dire, ne lui a appris à écrire."
  • Anatole France (1889) : "Son premier roman, je devrais dire son premier poème (car ce sont là vraiment des poèmes) est le Dragon impérial, un livre tout brodé de soie et d'or, et d'un style limpide dans son éclat. Je ne parle pas des descriptions qui sont merveilleuses. Mais la figure principale, qui se détache sur un fond d'une richesse inouïe, le poète Ko-Li-Tsin, a déjà ce caractère de fierté sauvage, d'héroïsme juvénile, de chevalerie étrange, que Judith Gautier sait imprimer à ses principales créations et qui les rend si originales. L'imagination de la jeune femme est cruelle et violente dans cette première œuvre, mais elle a déjà et définitivement cette chasteté fière et cette pureté romanesque qui l'honorent."

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